Une fois n'est pas coutume, nous n'allons pas vous parler des séries disponibles dans l'offre des principales plateformes de streaming par abonnement (SVoD). Pas de Netflix, Amazon Prime Video, OCS ou Disney+ dans ce top donc, mais d'autres services qui viennent peut-être moins rapidement à l'esprit des amateurs de séries.
France.TV (la déclinaison numérique de France Télévisions) ou Arte pour ne citer qu'elles, proposent de nombreux programmes en accès libre. La première citée s'est même fait une spécialité de diffuser exclusivement certaines de ses créations ou co-productions sur la Toile.
Stalk, Parlement, L'Effondrement ou Dérapages... quatre séries de qualité à voir gratuitement et en toute légalité dès ce soir sur Arte, France.TV ou YouTube.
Quelles très bonnes séries françaises voir en streaming gratuit et légal ?
Une série pour adolescents qui détonent : Stalk
En bref
Lucas, plus connu sous le pseudonyme de "Lux" dans les cercles d'initiés, est un codeur de génie. Heureux d'avoir intégré l'Ensi, meilleure école d'informatique du pays, il déchante vite quand ses camarades lui font subir un bizutage de très mauvais goût.
Bien décidé à se venger, Lux va alors les "hacker" tour à tour pour mieux les stalker et repérer leurs failles. Pour le jeune homme, c'est le début d'une spirale infernale qui pourrait bien le mener à sa propre perte.
L'avis de la rédaction
Connaissez-vous beaucoup de séries qui parlent de cybersécurité ? Non ? Et bien nous non plus. Mr Robot le faisait avec brio, à sa manière, mais il n'y a pas non plus pléthore d'autres bons exemples. De prime abord, le thème peut paraître assez aride. Le sujet est complexe et il faut de l'audace pour s'en servir comme matière première d'une fiction.
Stalk (Silex Films) a fait ce pari et le défi est parfaitement relevé. Dans ce programme pour adolescents diffusé sur France.TV Slash, on parle cybersécurité, hacking, espionnage informatique, et on fait bien les choses. La série a le mérite de vulgariser ces sujets vastes et assez méconnus du grand public. Elle casse aussi certaines idées reçues.
Par exemple, "Hacker", c'est d'abord compter sur les faiblesses ou la crédulité de ses cibles. Lucas a beau être un petit génie de l'informatique, ils n'auraient pas pu s'introduire dans leur vie privée sans exploiter certaines de leurs brèches humaines et sociales.
Stalk raconte aussi le basculement du jeune homme. D'étudiant d'apparence banale, il devient le "stalker" du campus pour se venger et ne peut plus se passer de ses séances d'espionnage quotidiennes.
Malheureusement pour lui, l'engrenage infernal est lancé et il n'est pas au bout de ses peines. Ses "ennemis" veulent utiliser ses "skills" pour dealer et arnaquer les autres étudiants.
Sans simplifier à extrême le piratage informatique, en le montrant tel qu'il est et en jouant sur les ressorts classiques des fictions pour adolescents, Stalk se révèle être une série très séduisante. Son scénario n'a rien de très original, mais il tient la route, et les jeunes acteurs du casting livrent tous une prestation solide.
La série est une vraie belle surprise et vous pouvez profiter gratuitement de ses 10 épisodes en ligne sur France.TV Slash.
- Voici l'interview de Simon Buisson, auteur et réalisateur de cette très bonne série :
Un drame génial et atypique : L'Effondrement
En bref
Catastrophe, le monde tel que nous le connaissons n'est plus, nous avons fini par l'épuiser et pousser notre société à sa perte. Pénuries, violences et insécurité sont désormais le lot quotidien de la population qui doit s'adapter pour survivre dans cette nouvelle réalité.
Dans cette série d'anthologie, chaque épisode nous entraîne sur les traces de personnages différents qui tentent de faire face, avec plus ou moins de succès. L'Effondrement n'épargne personne et ils vont en faire l'amère expérience.
Précisons quand même qu'au moment où nous écrivons ces lignes, seuls trois épisodes (sur huit) sont visionnables gratuitement sur la chaîne YouTube du collectif "Les Parasites" qui a réalisé la série.
Les autres ne sont disponibles que sur les antennes de Canal+ ou myCanal. Malgré ce bémol, méritait assurément sa place dans cette sélection.
L'avis de la rédaction
Encore une superbe série passée sous beaucoup de radars. L'Effondrement est un parti pris narratif et technique. C'est un programme engagé et singulier qui ne ressemble pas aux séries que nous avons l'habitude de regarder sur Netflix et consorts.
Certes, la survie et l'Apocalypse sont des objets récurrents dans la fiction de ces dernières décennies. Toutefois, aucun programme ou presque ne se nourrit autant de la collapsollogie que L'Effondrement. La série française ne fait pas que s'en inspirer, elle s'emploie à la rendre crédible. Elle sonne très vraie, réelle et parvient aisément à prendre le spectateur aux tripes.
C'est profondément immersif et la série doit beaucoup à l'audace de sa réalisation. Le choix d'un unique plan séquence par épisode est assez unique, il nous plonge au plus près de la réalité des personnages. Évidemment, on se demande ce qu'on ferait à leur place, si nous devions nous-mêmes lutter pour notre survie dans un monde au bord du gouffre.
Le réalisme fait réfléchir et pousse le spectateur à s'interroger sur son époque, et peut-être même à remettre certaines choses en question. Les épisodes sont très (trop) courts, parfaitement rythmés et très bien interprétés.
L'anthologie fonctionne très bien, les personnages n'ont pas de lien apparent et vivent des situations de crise différentes, ce qui colle parfaitement à l'esprit du show. Quant aux choix musicaux, ils sont aussi impeccables. L'Effondrement est une pépite et un vrai coup de cœur très vivement recommandé par la rédaction.
- Voici le trailer de cette pépite :
Une savoureuse comédie politique : Parlement
En bref
Quand un jeune assistant parlementaire inexpérimenté débarque à la Commission européenne au lendemain du référendum sur le Brexit, il n'a aucune idée de l'endroit où il met les pieds. Pire, sa connaissance de l'institution basée à Bruxelles est plus qu'approximative. Autant dire qu'il n'est pas au bout de ses peines au milieu de certains cadors de la politique du Vieux continent.
L'avis de la rédaction
Nous avons passé de très bons moments devant cette sympathique série humoristique. La caricature des institutions européennes, de leur fonctionnement opaque, des pesanteurs de l'administration et des Politiques, est criante, mais bien orchestrée.
Parlement empile les clichés, elle puise dans tous les a priori répandus sur la fameuse Commission de Bruxelles pour la railler et mieux nous amuser. "Qui aime bien châtie bien" dit l'adage. Il ne faut donc pas s'y tromper : Parlement se moque, mais elle célèbre aussi à sa manière l'Union européenne et ses institutions.
Dans l'ensemble, c'est très réussi. C'est décalé, plein de second degré, mais aussi subtil. Du côté de l'écriture d'abord, fine et au service d'un récit bien ficelé et pas trop éloigné de la réalité. Parce que oui, si Parlement est une série moqueuse, elle n'en donne pas moins une description semble-t-il assez fidèle des rouages de la Commission européenne.
Elle a donc aussi une vraie vocation pédagogique et son charme ne se limite pas aux boutades et autres situations cocasses de ses dix épisodes. Dans l'ensemble, le casting est solide, même si certains acteurs sont un ton en dessous. Nous n'en tiendrons pas rigueur à Parlement, une bonne série qui mérite d'êtrre visionnée.
Comme Stalk, elle est disponible en intégralité sur France.TV Slash.
- Regardez cette bande-annonce pour vous faire une idée :
Un drame qui vaut le détour : Dérapages
En bref
L'intégralité de la mini-série est disponible gratuitement sur le site d'Arte jusqu'au 13 mai prochain. Après cette date, elle sera accessible sur Netflix et le service de VoD de la chaîne franco-allemande.
Ancien DRH mis au chômage par son âge "trop avancé", Alain Delambre ne s'en sort plus. Au bout du rouleau après des années de petits boulots et de galères, il perd ses nerfs et violente son supérieur à l'usine. Verdict : 100 000 euros de dommages et intérêts pour celui qui peine déjà à rembourser tous ses prêts.
L'espoir renaît enfin quand il contacté pour un poste qui correspond parfaitement à son profil. Pour réussir et obtenir le précieux sésame, il est prêt à tout et ne reculera devant rien, même lorsqu'il est confronté à d'étranges méthodes de recrutement. Commence alors une suite d'événements malheureux et l'apothéose de la descente aux enfers d'un homme qui n'a plus rien à perdre.
L'avis de la rédaction
Fraîchement mise en ligne sur le site d'Arte, Dérapages est une série qui a le mérite d'intriguer. Son casting déjà, avec Éric Cantona et Alex Lutz en tête d'affiche, a de quoi attiser la curiosité des sériephiles, toujours à la recherche d'une nouvelle pépite à se mettre sous la dent.
Son intrigue ensuite, bien pensée et rondement menée pendant les six épisodes, s'inspire de Cadres noirs (l'excellent polar de Pierre Lemaitre), sans le dénaturer ni le copier de trop près. Parfois, c'est vrai, le tout manque d'un peu de relief, le scénario a quelques passages en vide et sa conclusion aurait pu être plus réussie.
Toutefois, cela n'empêche pas Dérapages de rendre une copie de bonne facture. Sous fond de misère sociale et de désespoir, elle raconte avec subtilité et poigne la spirale infernale dans laquelle s'embarque Alain Delambre. Son seul crime ? Avoir subi trop longtemps une vie qui ne lui a fait aucun cadeau.
Alors forcément, quand une grande entreprise dirigée par un patron à la morale douteuse lui fait miroiter un poste inespéré, il plonge, sans se douter qu'il n'est en fait qu'un pion. Mais que la chute sera dure quand il réalisera la supercherie. Dérapages se concentre sur la psychologie du personnage, l'accumulation d'affronts qui vont le faire craquer.
Le chômage fait des ravages, comme le désespoir et la résignation. C'est ce que montre la série à travers son personnage principal. Tiraillé entre sa propre noirceur et l'espoir dilettante d'un monde meilleur, il lutte corps et âme pour son salut. La narration de ce thriller social est intense, la mise en scène sobre mais largement suffisante pour installer une ambiance pesante.
Dans le rôle principal, Éric Cantona est solide. Nous ne sommes pas toujours dithyrambiques sur ses performances d'acteurs, mais dans Dérapages, il fait vraiment bien le boulot. Alex Lutz ne déçoit pas non plus, les traits du requin Alexandre Dorfmann lui vont à ravir. Si vous voulez regarder gratuitement cette bonne série, vous avez jusqu'au 13 mai. Allez-y, ça ne coûte rien d'essayer.
- Voici la bande-annonce pour ceux qui veulent un avant-goût :
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