Douze mois pas comme les autres. Bouleversé comme tant d'autres par le coronavirus, le petit monde de la tech ne s'est pas pour autant arrêté de tourner. Florilège des événements qui ont marqué cette année si particulière.
2020 avait pourtant bien commencé : il faisait beau au CES de Las Vegas, et les centaines de milliers de visiteurs se pressaient dans les immenses halls du centre des expositions pour y découvrir les innovations qui allaient faire 2020. Las ! Le coronavirus a tout chamboulé : produits retardés voire annulés, émergence de nouveaux usages, télétravail... Le virus a profondément l'année tech, qui a néanmoins été particulièrement riche en événements. Vous les (re)découvrirez dans cet article, forcément non exhaustif, qui revient sur les moments qui ont marqué cette année à part.
Zoom, Meet, Teams : l'explosion des services de visioconférence
Il est peu fréquent qu'un nom de produit passe dans le langage commun : cela a pourtant été le cas en 2020, où "faire un zoom" est devenu une expression courante. Zoom, que peu de gens connaissaient avant la pandémie, est devenu le service star de l'année, passant de 10 à 200 millions d'utilisateurs en quelques semaines. Des réunions à distance aux "apéros confinés", la visioconférence a en effet eu un rôle majeur pour que nous puissions garder le contact durant le confinement. Zoom en a bien entendu profité, mais d'autres acteurs se sont évidemment rués sur ce marché juteux. Notamment Microsoft, qui n'a cessé de faire évoluer Teams cette année, ou Google, qui a rendu Meet gratuit fin avril.
Une nouvelle génération de consoles de jeu et des pénuries immédiates
Les nouvelles consoles Sony et Microsoft, la PlayStation 5 et les Xbox Series, comptent parmi les stars de 2020. Elles nous ont mis en appétit durant des mois avec leurs promesses de SSD, de technologies graphiques révolutionnaires mises au service des jeux actuels et futurs... sans oublier leur rétrocompatibilité avec des milliers de titres. Mais, à leur sortie, respectivement le 10 novembre dernier pour les Xbox et le 19 novembre pour la PS5, les trouver étaient presque impossible. Pénurie, rupture de stock, réassort au compte-goutte, le lancement de cette nouvelle génération ne s’est pas fait dans les meilleures conditions, causant beaucoup plus de frustration que de joie dans les rangs des joueurs.
Les géants de la tech dans le viseur des autorités US et européennes
Cette année a été marquée par un nombre exponentiel de textes législatifs, doublés d’attaques en justice contre les géants de la Tech. Rien d’étonnant en Europe, qui a fait de la régulation sa valeur ajoutée sur un marché monopolisé par les Américains et les Chinois. Le RGPD, entré en vigueur en 2018 a ouvert la voie. Et les derniers règlements de la Commission européenne, à savoir le Digital Services Act et le Digital Markets Act ont pour ambition d’être les RPGD des services et des marchés numériques. Mais, par contagion, les Etats-Unis se sont aussi mis au diapason. De l’autre côté de l’Atlantique, les enquêtes et les amendes se sont aussi multipliées cette année contre les Gafam. La Federal Trade Commission s’est ainsi intéressée de près à neuf multinationales. Néanmoins, la taxation des services numériques reste le point d’achoppement entre les deux continents : les Européens veulent avancer coûte que coûte, alors que les Etats-Unis se désengagent du sujet sur la scène internationale.
Le lancement en fanfare de Disney+
Lancé en novembre 2019 aux États-Unis, Disney+ a fait son arrivée en France le 7 avril après un report de dernière minute. Pour 6,99 euros par mois, ce service de streaming offre un accès aux catalogues Disney, Pixar, Marvel, Star Wars et National Geographic. Au total, plus de 73 millions de personnes dans le monde s’y sont abonnées en seulement une année, un succès colossal sans doute accéléré par le confinement et l’arrivée de blockbusters initialement prévus pour le cinéma (Mulan, Soul…) ainsi que The Mandalorian, une série Star Wars saluée par les fans et la critique. En France, Disney+ a pu profiter de l’aide de Canal+ qui l’a inclus dans de nombreuses offres. Le 23 février 2021, Disney+ passera à 8,99 euros par mois mais inclura des meilleurs de nouveaux contenus plus adultes issus de son rachat du studio 21st Century Fox. Netflix a un vrai rival !
Le fiasco de StopCovid, alias TousAntiCovid
Détecter les cas contact Covid-19 de façon automatique, grâce aux ondes Bluetooth des smartphones, l’idée était belle. Après deux confinements, force est de constater que ce genre d’application n’a fourni qu’une maigre contribution dans la guerre contre le virus, ici comme ailleurs. Certes, la mise en place en France a été particulièrement poussive et le débat sur la protection des données personnelles très animé, mais au final c’était beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Aujourd’hui, cette application, rebaptisée depuis TousAntiCovid, sert essentiellement à remplir des attestations (ce qu’elle fait très bien d’ailleurs).
Mise en orbite réussie pour Microsoft xCloud
Le cloud gaming à la sauce Microsoft est arrivé fin 2020. En bêta depuis de nombreux mois, le Project xCloud a officiellement fait ses premiers pas sur les mobiles Android le 15 septembre dernier. Ce sont les seuls appareils compatibles pour le moment et il faut souscrire à l’offre Xbox Game Pass Ultimate (13,99 euros/mois) pour en profiter. Ces deux conditions risquent, toutefois, d’évoluer dès l’année prochaine. Redmond veut porter le xCloud sur TV, PC, iOS et sur ses consoles et de nouveaux modèles de souscription pourraient bien voir le jour. Le service a reçu d'excellents retours, contrairement à Stadia, son équivalent chez Google. Et pour cause : ça marche bien, l'offre est claire et les jeux disponibles en nombre.
Twitter victime d’un hack sans précédent
Le 15 juillet, 130 comptes Twitter de personnalités connues – Elon Musk, Barack Obama, Joe Biden, Bill Gates, etc. - ont été détournés pour diffuser une arnaque au bitcoin qui, en quelques minutes, ont généré des versements pour plus de 118 000 dollars. Pour réussir cet incroyable coup, les hackers ont utilisé un outil d’administration interne auquel ils ont eu accès en soutirant à certains employés de Twitter leurs identifiants par ingénierie sociale. Trois jeunes individus de moins 22 ans, soupçonnés d’être les auteurs de cette arnaque, ont été arrêtés deux semaines plus tard.
Cyberpunk 2077, de la hype au bug du lancement
C'était le jeu vidéo le plus attendu de l'année. Cyberpunk 2077, nouveau jeu de rôle du studio CD Projeckt Red, s'est pourtant pris les pieds dans le tapis. Lancé clairement trop tôt malgré plusieurs reports, le titre est truffé de bugs plus ou moins graves, qui plombent l'expérience de jeu. Mais ce sont surtout les versions consoles qui posent problème : sur PS4 et Xbox One, le titre est moche est presque injouable, faute d'optimisation. CD Projekt Red s'est depuis excusé et a promis des remboursements aux joueurs qui se sont sentis floués. Devant le désastre, Sony a préféré retirer le jeu de son magasin en ligne.
Le lancement douloureux de la 5G en France
Le coup d’envoi de la 5G n’a eu lieu qu’en toute fin d’année à cause de la pandémie. C’est SFR qui a tiré le premier, suivi par Bouygues Telecom, puis Orange, et enfin, Free Mobile. Deux stratégies s’affrontent : miser sur le débit et ou sur la couverture. Les opérateurs proposent de la data illimitée et des tarifs un peu plus élevés que les forfaits 4G... sauf Free Mobile qui n’applique aucun surcoût. De quoi tirer les prix vers le bas en 2021. Ce lancement aura aussi été marqué par le retard à l’allumage de plusieurs grandes villes comme Paris, dont les élus réclamaient plus d’informations quant aux effets sur la santé et l’environnement de cette technologie.
Epic Games entre en guerre contre Apple
Entre Epic Games et Apple, ça n’a jamais été l’amour fou. Après avoir longtemps critiqué la commission de 30% prélevée par le géant californien, le créateur de Fortnite a décidé de rentrer en guerre contre Apple cet été. Exclu de l’App Store pour avoir proposé à ses joueurs de bénéficier de réductions en contournant le système de paiement d’Apple, Epic Games a lancé une vaste d’opération de communication visant à ridiculiser Apple, présenté comme le nouveau Big Brother. Cette affaire, qui devrait être jugée en mai 2021, a sans doute poussé Apple à diminuer sa taxe à 15% pour les petits développeurs. Puisqu’il ne fait pas partie de cette catégorie, Epic Games est toujours révolté.
Le bitcoin bat tous les records
Pour les détenteurs de bitcoins, l’année 2020 n’aura pas été mauvaise, loin de là. La monnaie numérique a marqué de nouveaux records, dépassant pour la première la barre des 18 000 euros en décembre. Plusieurs facteurs semblent avoir contribué à cette ascension vertigineuse. En pleine pandémie, le bitcoin a peut-être fait office de valeur refuge, comme c’est le cas pour l’or. Plusieurs entreprises en ont d’ailleurs acheté en guise d’investissement, comme l’éditeur MicroStrategy (1,1 milliard de dollars) ou l’assureur Massachusetts Mutual Life (100 millions de dollars). De plus, Paypal et Square ont intégré le bitcoin dans leurs plateformes de paiement, du moins aux États-Unis.
Free lance la Freebox Pop pour faire oublier la Delta
C’est au cœur de l’été que la remplaçante de la Freebox mini 4K a été présentée. La Freebox Pop avait pour objectif de se réconcilier avec les fans historiques de Free en pratiquant des tarifs moins élevés que la très haut de gamme Freebox Delta. Jolie, compacte, rapide et puissante, elle aligne les arguments à l’exception de son absence de compatibilité Wi-Fi 6.
Dans la foulée, l’opérateur a revu toutes ses offres et s’est recentré sur le milieu de gamme. La Freebox Pop a très vite dépassé les performances commerciales de la Freebox Delta et constitue désormais le best-seller de Free.
En entrée ou en haut, le Wi-Fi 6 fait ses gammes
La Wi-Fi 6 n'est plus le futur des réseaux sans-fil mais son présent. Tous les smartphones récents dignes de ce nom sont compatibles avec le 802.11ax, la plupart des ordinateurs portables également - même les Mac, qui ont pourtant traîné des pieds. Il est donc logique que les fabricants de produits réseau aient diversifié et étoffé leur offre.
Désormais les produits Wi-Fi 6 ne sont plus réservés au haut de gamme, les acteurs du secteur ont introduit des solutions de milieu de gamme bien plus abordable et même des routeurs d'entrée de gamme performants.
Qu'il s'agisse de routeurs pour gamer ou geeks exigeants, de répéteurs pour étendre la portée du réseau généré par votre box compatible Wi-Fi 6 ou de routeurs maillés, le Wi-Fi 6 s'impose comme un choix incontournable pour ceux qui veulent connecter de nombreux appareils récents ou même un peu plus anciens, tout en profitant au mieux de leur connexion à Internet haut ou très haut débit.
AMD rattrape ses années de retard sur Nvidia dans les GPU
Le retour d’AMD dans le monde des cartes graphiques haut de gamme a tardé. Il s’est même fait désirer… à tel point qu’on n’y croyait plus. Mais, le 28 octobre dernier, le concepteur annonçait, enfin, sa nouvelle génération de Radeon, les RX 6000. Trois modèles haut de gamme ont ouvert le bal et d’autres cartes, plus abordables et conçues sur le même modèle d’architecture, sont attendues pour l’année prochaine. Avec ses Radeon RX 6000, AMD se mesure à Nvidia dans “l’épreuve graphique” du ray tracing, cette technologie qui fait des GeForce RTX les incontournables en la matière depuis la rentrée 2018. Même si les Radeon ne parviennent pas encore à égaler les GeForce, l’intention est là. AMD revient et c’est bon pour la compétition.
L'émergence des méga-constellations de satellites
Space X continue d’augmenter le nombre de satellites de sa constellation géante Starlink destinée à fournir un accès haut et très haut débit à Internet sur toute la Terre. C’est le premier projet du genre à se concrétiser. Les utilisateurs du service en version bêta semblent satisfaits. Son grand rival OneWeb a frôlé la faillite mais il a été repris à temps par le gouvernement britannique et le groupe indien de télécom Bharti Global. Amazon reste sur les rangs avec Kuiper et la Commission européenne se penche sur une constellation similaire, de manière à ce que les Européens ne se retrouvent pas dépendants de sociétés privées et étrangères au continent.
Les Mac s'affranchissent avec brio des puces Intel
Après des années de préparation logicielle minutieuse, dont l’une des dernières étapes a été le projet Catalyst, Apple a officiellement ouvert une nouvelle ère pour ses Mac lors de la WWDC 2020. Ainsi, au cours des deux prochaines années, toutes les gammes d’ordinateurs Apple devraient abandonner les processeurs Intel pour des puces ARM maison.
Trois gammes de Mac ont d’ores et déjà entièrement ou partiellement basculé sur la nouvelle plate-forme. Le MacBook Air et les MacBook Pro et Mac mini d’entrée de gamme sont désormais animés par une puce M1. Une réussite matérielle de premier ordre, accompagnée d'un tour de force logiciel incroyable, grâce à Rosetta 2, notamment, et à l'ouverture des Mac aux applications iOS et iPadOS.
Pour l’heure, la grande transhumance vers les Mac ARM est un succès total. Il pourrait bien inspirer le monde du PC, qui s’essaie aux SoC ARM depuis quelque temps déjà. Attendons de voir ce que 2021 nous réserve.
Huawei vend Honor, sur fond de crise majeure
2020 n’a pas été l’année de Huawei. Inscrit sur liste noire par le gouvernement américain en 2019, le géant chinois a perdu cette année le droit de travailler avec les entreprises étrangères dépendantes de technologies américaines. Son avenir est aujourd’hui incertain. Huawei a beau avoir lancé une version bêta d’HarmonyOS, son remplaçant d’Android, il se prépare désormais à ne plus pouvoir fabriquer ses processeurs Kirin, ses partenaires ayant l’interdiction de travailler lui. Pour sauver certains de ses employés, Huawei a dû accepter de se séparer de Honor, sa filiale lancée en 2013. Un consortium chinois l’a rachetée pour 13 milliards d’euros et devrait lancer de premiers smartphones en 2021.
La loi Avia, critiquée, puis retoquée
Ça aura été la saga législative de l’année. Dans les tuyaux depuis au moins deux ans, la proposition de loi relative à la haine en ligne a été finalement censurée le 18 juin 2020 par le Conseil Constitutionnel. Ce texte, porté par la députée La République en marche (LREM) de Paris Laetitia Avia et soutenu activement par le gouvernement, a épuisé tous les recours pour passer en force malgré les levées successives de boucliers… sans succès. Sa disposition-phare (article 1), l’obligation faite aux réseaux sociaux de supprimer, dans les vingt-quatre heures, sous peine de lourdes amendes, les contenus « haineux » qui leur sont signalés sur les réseaux sociaux a été jugée comme « une atteinte à l’exercice de la liberté d’expression et de communication […] pas nécessaire, adaptée et proportionnée ». Et par contagion, la proposition de loi a été vidée de sa substance par les « Sages ». Mais, avec la loi « confortant le respect des principes de la République » présentée par le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti en novembre dernier, ces dispositions polémiques pourraient revenir bien vite sur le devant de la scène.
Nvidia s'approprie ARM, un rachat historique
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