Le sprint final dans ce marathon que constitue l'octroi des fréquences 5G débute ce mardi. Il devrait durer « de 10 à 15 jours » selon Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, qui administre cette procédure. Mais comment celle-ci va-t-elle se dérouler pour les opérateurs ?
Rappelons tout d'abord que le gendarme des télécoms a mis 310 MHz de fréquences à disposition des opérateurs SFR, Orange, Bouygues Telecom et Free (seuls candidats en lice) sur la bande reine de la 5G, celle des 3,5 GHz. Celle-ci assure un excellent compromis entre largeur de bande et possibilité de couverture.
Dit plus simplement, cette bande de fréquences – utilisée par des technologies comme le WiMax jusqu'à maintenant – est celle qui assure le meilleur compromis entre débit et portée du signal, au contraire des deux autres bandes qui seront utilisées pour la 5G, à savoir celle des 700 MHz, qui garantit la meilleure couverture au détriment des débits et celle – dite millimétrique – des 26 GHz qui mettra l'accent sur les débits en faisant l'impasse sur des capacités de couverture étendue. A noter que ces fréquences millimétriques devraient surtout être utilisées pour des usages industriels, dans le cadre de déploiement de réseaux 5G sur des sites très spécifiques.
Un maximum de 100 MHz de fréquences par opérateur
A l'hiver dernier, les quatre opérateurs en lice se sont d'ores et déjà positionnés pour obtenir chacun des blocs de 50 MHz sur la bande des 3,5 GHz. Pour s'offrir ces premiers blocs, les opérateurs débourseront – dont le paiement sera étalé sur quinze ans – tout en s'engageant .
Reste désormais 110 MHz de fréquences disponibles sur cette bande, qui font depuis 9h30 ce mardi l'objet d'enchères par blocs de 10 MHz. Le prix de départ de ces blocs, qui suscitent forcément l'intérêt des opérateurs, a été fixé à 70 millions d'euros par le gendarme des télécoms et les autorités. Au final, le gouvernement souhaite donc tirer de cet appel d'offres une somme totale d'un minimum « de 2,17 milliards d’euros pour l’ensemble des fréquences attribuées », soit plus que les 1,5 à 2 milliards d'euros attendus par les opérateurs.
Cette nouvelle étape de l'appel d'offres va s'avérer cruciale pour les opérateurs : plus ils réussiront à s'offrir de fréquences supplémentaires, meilleur sera le service 5G qu'ils pourront commercialiser auprès du grand public ou des entreprises. L'Arcep souhaite toutefois éviter l'apparition de trop fortes disparités entre les réseaux 5G des opérateurs. C'est pourquoi elle ne permettra pas à un opérateur d'acquérir plus de 100 MHz sur les 310 MHz disponible, en limitant à cinq le nombre de blocs de 10 MHz disponible pour chaque opérateur durant l'étape actuelle de la procédure.
Winner takes all ?
L'originalité de cette nouvelle étape de l'appel d'offres pour la 5G est qu'elle se déroulera selon un mode d'enchère « ascendante multi-tour », comme l'explique l'Arcep. Concrètement, l’Arcep indiquera à chaque tour le prix pour un bloc de 10 MHz. Chaque opérateur pourra ensuite indiquer le nombre de blocs souhaités à ce prix, dans la limite de cinq blocs chacun. « Tant que le nombre de blocs demandés par les opérateurs excède celui des blocs disponibles, l'Arcep organise un nouveau tour et augmente le prix unitaire du bloc de 10 MHz d’un incrément fixé à 5 millions d’euros », précise-t-on du côté de l'Autorité.
C'est ensuite aux opérateurs de jouer. « L'enchère s’arrête lorsque la demande des opérateurs correspond à la quantité de blocs disponibles », indique l'Arcep, qui jouera le rôle d'arbitre durant ce que l'on peut qualifier de tournoi où la règle du mieux disant sera valorisée. « Dans l’hypothèse où la demande des opérateurs descendrait sous le nombre de blocs disponibles, un mécanisme permettra d’arbitrer entre les derniers candidats à avoir renoncé à un bloc », précise également l'Autorité, qui assure que tous les blocs de 10 MHz trouveront preneurs à l'issue de la procédure. Celle-ci communiquera tous les jours, à 17h40, sur les résultats de la journée d’enchères.
Enfin, une enchère de positionnement, qui se déroulera à un tour et donnera la palme à l'opérateur ayant enchéri en seconde position, afin d'éviter toute surenchère, sera organisé courant octobre pour déterminer les positions de chaque lauréat. « Les opérateurs pourront ainsi exprimer leurs préférences de position dans la bande, ainsi que de position relative avec les autres lauréats », indique l'Autorité, qui entend bien avoir clos cette procédure à l'automne, pour une commercialisation des premières offres 5G par les opérateurs à compter du mois de décembre prochain.
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