vendredi 31 juillet 2020

« Apple Tax » : Telegram attaque Apple devant la Commission Européenne

Apple en prend décidément pour son grade ces temps-ci. Après Spotify, Epic Games, Netflix, Tinder puis Rakuten, c’est désormais l’application de messagerie cryptée Telegram qui a déposé une plainte contre la marque à la Pomme auprès de l’Union Européenne. Cette nouvelle réclamation vise une nouvelle fois la commission exigée par Apple aux développeurs à chaque téléchargement sur son App Store, à savoir 30%. Ses détracteurs la jugent trop élevée et estiment qu’elle nuit à la concurrence, dans la mesure où Apple interdit le téléchargement d’applications issues d’autres sources.

Cette plainte s’accompagne d’une lettre ouverte de Pavel Durov, co-fondateur de Telegram, intitulée “7 mythes utilisés par Apple pour justifier leur taxe de 30%”. Il s’attaque à plusieurs arguments régulièrement invoqués par Apple dès que cette fameuse commission arrive sur la table. Mais en les passant tous en revue, il apparaît que Durov présente beaucoup d’arguments qui pourraient être résumés en quelques mots : “Apple est déjà très riche, très populaire et n’en a pas besoin”. Il faudra certainement des arguments bien plus solides, dans la mesure où il est difficile de prouver objectivement un abus de position dominante ou des pratiques anticoncurrentielles. D’un point de vue légal et juridique, ce sont deux notions extrêmement complexes qui font régulièrement l’objet d’âpres batailles entre multinationales avec des sommes colossales en jeu. On imagine donc que les équipes de Telegram ont préparé un vrai dossier à destination de l’autorité européenne de la concurrence.

Au vu du timing, on pourrait interpréter cette plainte comme une forme d’opportunisme, dans la mesure où plusieurs entreprises notables sont montées au créneau en l’espace de deux mois. Mais en définitive, peu importe que Telegram ait des arguments béton ou surfe sur la fronde anti-Apple. Pour l’instant, le géant continue de rejeter ces accusations en bloc. En juin dernier, une porte-parole estimait qu’il s’agissait de “ plaintes sans fondement d’une poignée d’entreprises qui veulent simplement un trajet gratuit et ne veulent pas suivre les mêmes règles que tout le monde.”  Mais chaque nom qui s’ajoute à la liste amplifie encore l’appel d’air, et la “poignée” d’entreprises grossit à vue d’œil. Il serait très étonnant que cet épisode soit le dernier de la saga. Reste donc à voir à quel point la grogne contre Apple va enfler, et si cela finira par prendre des proportions suffisantes pour lui forcer la main… mais ce n’est pas gagné : c’est un euphémisme de dire qu’il faudrait un vrai miracle pour que la Pomme décide de son plein gré de saborder une telle machine à cash, et du même coup sa mainmise sur le marché. Autant dire que malgré les protestations véhémentes d’un tas d’acteurs, l’« Apple Tax » a sans doute encore de beaux jours devant elle.

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